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01.06.2008

Foisonnements et Overvloed chez Art en marge

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Et maintenant, tous derrière Ani en direction du ciel. C’est que la Sicile c’est pas que du bain de mer en maillot panthère, ça monte, ça monte et un peu vite, je vous jure, dans la région de Trapani. A Erice, village de montagne où l’on accède par une route en lacet qui fait des nœuds dans les estomacs de Reinette et Léa, indifférentes aux splendeurs des précipices, les nuages, « les merveilleux nuages » s’approchent en foule pour vous faire la fête.

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Quand vous ouvrez la portière, ils pénètrent dans la voiture et quand vous ouvrez la bouche, vous les mangez à la cuiller .

156296311.jpgBon, c’est pas Neuschwanstein mais l’ambiance cotonneuse sur les remparts de la période normande m’a fait penser aux fantaisies médièvalesques de ce bon vieux Louis II de Bavière.


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Vous me voyez venir ? On se rapproche de mes dadas. On s’en rapproche par des ruelles pavées de galets-savonnettes, sans pitié pour les fragiles escarpins (j’ai gardé le sac) que Dominique s’était offert le matin même. Et en haut, que trouve-t-on ? Une librairie bien sûr. Bourrée de souvenirs pour touristes mais où j’ai quand même trouvé, soldé pour un prix ridicule, le catalogue d’une exposition du début 2006 intitulée Gloria in excelsis Deo (toujours le ciel !).

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Comme cette expo était consacrée à la tradition céroplastique (la tradizione ceroplastica natalizia di Erice, Alcamo, Trapani e Salemi) et que les bouquins sur ce sujet courent pas les ruelles par chez nous, je m’arrête un peu sur cet ouvrage de Maurizio Vitella, plein de photos de jésus en cire présentés sous globes ou dans des ébénisteries vitrées.

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Pourquoi ? Mais parce que productions d’un catholicisme, populaire et baroque à la fois, ne sont pas indifférentes à certains créateurs d’art brut pur laine. Giovanni Battista Podesta, par exemple, pour rester dans la sphère italienne.


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804559069.jpgQuittant maintenant les brumes du sud, je vous invite à cingler avec moi vers des climats plus nordiques pour vous dire qu’un autre Italien, Anacleto Borghi, figurera au tableau de la prochaine manifestation (Overvloed/Foisonnements) d’Art en marge dans la capitale de la patrie de Salvatore Adamo, le plus fameux des Belgo-siciliens francophones.

Intéressez vous surtout aux éphémères sculptures de papier scotché et peint dudit Anacleto.

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Et pour finir à rebrousse-poil, suivez Les Papillonnages de Véronique (un autre "blogue de fille") parce que cette petite nouvelle, tombée du dernier mois de mars, vous a une façon bien à elle d’aborder la question de l’art brut qui nous change des révérences, des contresens ou des délectations moroses assez habituelles en ce domaine, même si son coeur penche par trop pour l'érotisme, cette voie royale de la culture des plus cul-turantes.

23:50 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, anacleto borghi, art en marge | |  Imprimer | | Pin it! |

25.05.2008

Murs à la sicilienne

1167670177.2.jpgLe retour du temps gris, ça m’déprime. Je pense à mes récentes vacances et je pleure dans le gilet du téléphone de Dominique pour lui dire : «Je m’ennuie, je m’ennuie».

C’est que la Sicile, je n’en suis pas encore revenue! Surtout si je me mets à regarder les photos de ces extraordinaires peintures et inscriptions murales prises, à l’heure propice de la sieste, dans le quartier mi-ancien, mi-rénové, d’une petite ville de l’île aux trois jambes.
Un vrai mystérieux peintre a œuvré ici, dans l’irrépressible urgence d’un besoin d’expression sans égal et avec l’évidente tolérance de ses concitoyens, pourtant peu confrontés au phénomène des tags ordinaires, plutôt rares dans leurs rues.

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Le sourire en coin des quelques vieux messieurs somnolant aux terrasses bistrotières quand ils évoquent, mi-figue, mi-raisin, leur «Van Gogh» local suffirait à nous faire comprendre que nous sommes en présence d’un cas d’art brut de la plus belle eau, si les formes inusitées, si le traitement instinctif des couleurs, si le mélange inextricable des graphies et des images n’étaient là pour nous en convaincre.

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Grosses taches ovoïdes qui s’avèrent être des visages gonflés comme des ballons, macules galbées en cœur ou en pomme qui servent de supports à des listes de villes, à des prénoms, à des chiffres…, si je m’écoutais je vous en dresserais tout un répertoire.

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J’avoue que j’ai un faible pour ces sortes de limaces body-buildées et mélancoliques dont le créateur détaille avec ferveur les biceps. Il les aime si fort qu’elles contaminent parfois la lettre C dans ses écrits.

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Il y aurait tant à dire sur ses yeux-horloges à 4 aiguilles,

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sur ses cibles tirant des flèches,

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sur ses robots constitués de morceaux cernés et agglomérés, toujours prêts à prendre leur indépendance,

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que je préfère me la fermer. Je me sens devenir chiante.
La peinture de ce subtil, émouvant et inapprivoisé créateur demande en effet qu’on n’oublie pas la façon originale dont elle s’intégre dans un environnement de lézardes et de somptueux vieux crépis qui se la jouent Jean Fautrier naturellement.

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En enfant du pays, l’auteur de ces fresques se sert en virtuose d’une géographie de badigeons superposés et de fissures-crevasses, emblématiques, à leur manière, de l’histoire sicilienne et de la culture du sud de l’Italie.

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Pas étonnant qu’il affectionne les violentes coulures rouges et les airs du chanteur napolitain Mario Merola. Il en transcrit les paroles, en dialecte, dans une orthographe approximative (Chitarra rossa), en suivant le tracé de lignes pointillées qui représentent pour lui la ligne mélodique.

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18:50 Publié dans Ailleurs, Glanures, Images | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut, giovanni bosco, sicile, mario merola | |  Imprimer | | Pin it! |

24.05.2008

Une journée au Jardin de Gabriel

 

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Levez-vous, magique saison des brocantes! Il est revenu le temps de brûler l’or noir sur les routes pour le transmuer en brimborions enchanteurs qui feront les délices iconoclastes de vos petits neveux quand ils viendront de leurs petits doigts confiturés tripoter vos collections.

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Bonjour les sujets en coquillages, salut les bateaux en bouteille, entrez ici petites croûtes anonymes où passent le génie fugace du peintre improvisé!
A Dieu ne plaise que j’oublie de vous signaler, Animuliens du canton de Saint-Jean d’Angély et d’ailleurs, qu’à Varaize, c’est jour de fête le 25 mai avec brocante au programme.

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C’est le moment de penser à vos mères et aux Sophie dont c’est aussi le jour. C’est d’ailleurs en l’honneur de ma copine du même nom, qui trouve que j’écris trop mal dans le genre relâché du vocabulaire, que je m’efforçouille aujourd’hui de pasticher le Chateaubriand sauce Outre-tombe.
Mon amour des bonshommes de paille dressés aux croisées des chemins par des émules de Virgile, soucieux d’embellir nos campagnes, m’a conduit, via Internet, jusqu’à celui qui trône, sur la voie romaine, au carrefour des bonnes cités d’Aulnaye, de Varaize et de Saintes, en aimable signal de la sus-dite brocante.

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Il ne relève pas du noble sport de l’art brut ? D’accord ! Il ne vaut pas l’Inuksuk de Marnay que je vous ai présenté sur ma note du 14 novembre 2007. Encore d’accord. Mais il est bien sympathique quand même car il est associé, sur le blogue de Bernard M. où je l’ai trouvé à un événement beaucoup plus dans mes cordes. J’ai nommé la Journée des Jardins du dimanche 1er juin 2008 au cours de laquelle l’ethnologue Michel Valière sortira de son cabinet de travail où, lui et son épouse Michèle, également ethnologue, réalisent livres et articles, pour descendre sur un terrain qui m’est cher, puisque je vous en ai déjà moult fois parlé, à savoir le Jardin de Gabriel.

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Michel et Michèle, les pilotes de l’ethnoblogue de Belvert vous accueilleront (dites que vous êtes Animuliens!) de 15 à 18 heures. Monsieur Valière se chargeant de guider la visite de sa belle voix de basse «occitanienne» (pour revenir au vicomte). 

15:37 Publié dans Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gabriel albert, michel valière, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

21.05.2008

Au «Castello incantato» de Filippo Bentivegna

Si vous pouviez voir mon fond d’écran! Je me suis installé les gratte-ciel de Filippo Bentivegna. Le skyline que cet infatigable créateur-excavateur a peint sur les murs de sa maisonnette sans fenêtre, après son retour des U.S.A où il avait émigré au début du 20e siècle.

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Vous pensiez pas qu’en Sicile, je m’étais contentée de glaciers et de temples ?
A peine arrivée, j’ai foncé vers Sciacca (ça se prononce «Chaca» que je répète pour le plaisir d’évoquer la scène du Minotaure dans le Satyricon de Fellini).

Direction les 5000 têtes sculptées par Bentivegna, surnommé «Filippu di li testi», alors que de son vivant on lui donnait de «l’Eccellenza», à cause peut-être du mélange de trouille et de respect qu’il inspirait.

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Très vite, dans les fresques du petit Chicago intime de l’ancien émigré sicilien, des têtes, plutôt grimaçantes, sont apparues. Elles se sont multipliées tout autour, dans le jardin de cailloux que Filippo s’est acheté en 1935 en dehors du village.
461222918.2.jpgCela ne s’était pas très bien passé en Amérique. F.B. n’avait appris que quelques mots d’anglais, refusé la naturalisation. Une histoire de violence liée à un amour malheureux par dessus le marché. De retour chez lui F.B. ne choisit pas la voie de la facilité mais celle d’une entreprise artistique inouïe dans son contexte social.

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Le terrain de Bentivegna avec ses oliviers descend de la montagne par paliers vers la mer. Quand on l’aborde de la route escarpée qui mène à lui, on le gravit en soufflant et en se confrontant à des vagues successives de visages, plus ou moins grossièrement taillés, qui frappent par la tristesse qu’ils dégagent.

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Même si les murets de protection installés par la commune, aujourd’hui propriétaire et gardienne des lieux, rationalisent un peu cet espace sauvagement personnel. Cela vous déboussole, vous fout le tournis. «Totale prise de tête !» résume ma copine Léa avec son humour dévast-auteur.

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Le malaise culmine quand on arrive aux murs crênelés, ondulés à la Gaudi, mais boursouflés de têtes, à peine émergentes ou proéminentes qui vous lorgnent de leurs yeux torves comme si on était hallucinogénées.

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C’est trop pour certains visiteurs et c’est encore rien car on arrive maintenant au sommet où sont les grottes.

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C’est au seuil de celles-ci que Dominique s’est arrêtée. On n’a pas pu la forcer, la pauv’ chérie.

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Intrépide comme je suis, je me suis engouffrée là-dedans en serrant les … et en essayant de deviner les figures de cauchemar bubonnant dans les parois, à la lumière de mon téléphone portable.

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C’est magique et terrible à la fois, d’autant qu’à l’intérieur la couleur rouge a tenu sur ces visages dantesques. Trop formidable, limite à gerber, comme quand on monte pour la première fois dans un hélico alors qu’on a le vertige.

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Dans ce dédale de passages étroits où le corps se coince dans des alvéoles, Bentivegna, au prix d’un travail colossal, nous fait cotoyer des chocottes quasiment préhistoriques.

 

23:55 Publié dans Ailleurs, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : filippo bentivegna, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

18.05.2008

Un soir de Nuit d’encre à Paris

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1404039750.jpgEt c’est reparti pour un tour. Le cycle infernal des vernissages. Vendredi soir, le 16 mai 2008, c’était celui de la Galerie Nuitdencre 64. Pourquoi 64? Parce que située au 64 de la rue Jean-Pierre Timbaud (11e) pardi. Sortez pas du métro comme moi (gourdasse que je suis) à République. C’est plutôt Parmentier, à peu de chose près dans les parages où la J.-P. T. forme une langue bifide avec la rue des Bornes.

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Nuitd’encre c’est une galerie noire près d’un café tout bleu. Vitrines bras ouverts sur l’expo qui réunit beaucoup de monde. Jacques Trovic, Gilles Manero, Alain Lacoste, Adam Nidzgorski etc. Consultez le reste du programme ici.

16 peintres en tout. C’est peut-être beaucoup. Ces univers différents ayant du mal à coexister ensemble, ça ne sert pas la lisibilité de l’ensemble et ça finit par accuser les points faibles.

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Allez-y fissa pour les 7 Martha Grünenwaldt dont 3 visages évanescents sur des torses gonflés comme des tulipes d’air multicolore. Toujours aussi bluffante, la chère petite mémé. Nous ne l’oublierons jamais.

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Dommage que monsieur Nanni et les autres glaciers-restaurateurs de Sicile m’aient séché tout mon bel osier, je me serais bien fadé un de ses dessins, d’autant qu’il ne sont pas proposés à des prix canon par Nuitdencre.

Tant que vous y êtes -et jusqu’au 30 juin, notez-le dans vos p’tites têtes- vous pourrez vous mettre dans l’œil les dessins de Jean-Paul Henri (c’est Henry, en fait, il y a une erreur sur le carton d’invitation).

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C’est en effet assez coton d’en rencontrer des œuvres de ce «garçon qui éprouvait des difficultés à vivre de la même manière que les autres hommes» comme l’écrit son père André dans un numéro que la pionnière revue Plein Chant a consacré à Jean-Paul Henry, quand vous n’étiez pas encore nés, mes chers Animulectrices et teurs, durant l’hiver 1975-1976 pour être précise.

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J’emprunte à ce numéro historique de Plein Chant, publié à un moment (faut le souligner) où ce genre de travaux artistiques n’étaient guère sur le devant de la scène, quelques images.

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1622402524.jpgEt puis je sors de cette note comme je suis sortie de Nuitdencre sous la pluie chaude pour aller me réfugier dans un équitable commerce voisin (Thé-Troc, 52 rue J.-P. Timbaud) où, par esprit de contradiction, je me suis consolée avec le café du Chiapas.
Ah, j’oubliais, vous trouverez Grünenwaldt et Henry sur le site de la Collection Frédéric Lux (Self taught/Art outsider) aussi.            

22:52 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : martha grünenwaldt, jean-paul henry, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

16.05.2008

Arts pathogènes, arts contaminés

275830744.jpgExpédition des affaires courantes. Les vacances c’est joli mais si tu crois, ma pauvre Ani, que ça va durer ! Ta boîtolettres a profité de ton absence pour engraisser et tu croules sous les i-mêles de ta copine Sophie. Heureux tout de même qu’il y a les messages animuliens mais que de news à traiter alors que t’as pas déballé ta valise !
D’abord, pour les fidèles de ma note du 21 octobre 2007 relative à Pierre Della Giustina, un petit tour en Auvergne pour vous animuler de source sûre que cet artiste trop rare sera présent le mardi 20 mai 2008 à la Galerie Arkos de Gérard Gubbiotti (25, rue du Port à Clermont-Ferrand) pour le vernissage de son expo qui sera visible jusqu’au 21 juin.

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921380657.gifCôté Genève, c’est déjà samedi 17 mai, de 14 à 18 h, la conférence : Relations et contaminations entre art contemporain et art outsider à la salle Ajuriaguerra du Domaine de Belle Idée, 2 chemin du Petit Bel Air (1225 Chêne Bourg). C’est dans le cadre de Follie Italiane, une expo dont je vous ai dit du bien le 23 janvier 2008.

Parmi les conférenciers Teresa Maranzano, Elisa Fulco, Rhomas Röske et Bénedicte Merland du MAD de Liège. «Contaminations» me paraît pas le mot idéal en ces temps d’OGM mais pourquoi pas jouer avec l’idée de maladie.

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Qui est l’agent pathogène de «l’art contemporain» et de «l’art outsider»? On serait tenté de s’en tamponner le coquillard puisque l’un n’est qu’une variété de l’autre mais je sens mes griffes pousser quand je lis dans la présentation de la conférence que «L’art brut est resté longtemps enfermé dans l’enceinte rassurante des définitions établies par Jean Dubuffet et Michel Thévoz».

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«Rassurante», mon œil ! L’art brut, puisqu’il est finalement question de lui, c’est comme l’inconscient, il a apporté la peste et il a pas fini.

Alors, pour ma part, je préférerais parler de «capillarité», surtout parce que l’art con (j’abrège pour aller vite) et son compère l’art out (ou ce qui se donne pour tel) se gênent pas pour jouer les éponges avec le sang neuf de l’art brut. La réciproque étant infiniment moins vraie.
Enfin, c’est égal, ça fait plaisir de voir des gens réfléchir sur le statut de l’art brut dans un contexte bien différent de celui de sa création. Même si la notion de «décloisonnement» autour de laquelle rôdent ces hardis explorateurs me paraît bien mince pour la complexité du problème et, pour tout dire, un retour à la case-départ.

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A Paris, Chaissac a droit à la couverture d’un luxueux catalogue de vente publique. Livres, dessins et autographes de deux collectionneurs : François Jolivet et Ivan Bonnefoy, expertisés par Claude Oterelo. Beaucoup de choses par ci par là pour les Animuliens parmi lesquelles128 lettres du Gastounet à Dubuffet.
Une phrase parmi d’autres : «Ce matin j’ai confectionné deux statuettes avec les souches que Pierre Giraud et moi avions rapportées» m’amène, par capillarité sans doute, à vous inciter à l’achat de Paris, mon pote, le nouveau livre de Robert Giraud paru chez Le Dilettante même si Le Copain de Doisneau vous en a déjà parlé.

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23:55 Publié dans Expos, Lectures, Parlotes, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, robert giraud, gaston chaissac | |  Imprimer | | Pin it! |

14.05.2008

Bâtisseurs de Sicile

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Coucou, me revoilou. Si votre petite âme errante a manqué à ses devoirs animuliens ces jours derniers, c’est qu’elle a fait comme les copines. Elle a profité du ouikène 8 mai-lundi de Pentecôte pour tailler la route, les doigts de pieds en éventail sur le tableau de bord et le nez dans sa crème solaire.

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Direction la Sicile où elle s’est fait une indigestion de granite de limone et de temples grecs avec Reinette, Dominique que sa fille appelle tout le temps sur son portable et Lea qui est Romaine et bonne comme la salade du même nom.

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2115972620.jpgParties pour Segeste sous un soleil trop top, nous nous sommes retrouvées sous l’orage devant le théâtre antique. Trois feuilles de figuier pour s’abriter à 4, je vous dit pas le concours de T-shirts mouillés !

Voilà ce qui arrive quand on se vautre dans l’hellenisme.
Pour que le ciel nous pardonne nous avons pris le chemin de Mazara del Vallo où le Routard 2008/2009 signale «l’œuvre d’un Facteur Cheval sicilien».
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Bon, d’accord, il exagère un brin, le Tardrou mais la maison de Giovanni S vaut quand même un coup d’œil puisque vous m’avez suivie jusque là.
«Vous pouvez pas la manquer», dit le pompiste quand il vous abreuve Bijou, la petite Fiat de location, à l’essence sans plomb et sans reproche. C’est sur la gauche quand on va vers Marsala.

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En effet, comment la manquer avec ces crénelages à la grosse, ses seaux en plastique bleu, ses assiettes, ses miroirs, ses bombonnes, ses montants de lit en fer embourbés dans un ciment taloché sans précautions inutiles ?

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L’essentiel du travail de ce bâtisseur de désastres volontaires se trouve là, dans ces prèlevement opérés brutalement dans la réalité (ou pour mieux dire : dans ses déchets).

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On approche par un chemin de terre qui poudre la carrosserie et on repart de même après avoir demandé l’autorisation de tourner autour de la maison à deux maraîchers qui bossent au jardin.

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Impossible de voir dedans au travers des portes surmontées d’images de Padre Pio (un nouveau saint très à la mode) mais ça sent le chaos choisi dans la cour intérieure.

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Sur le pignon de la maison, un décor de cailloux alignés, avec le nom du propriétaire qui, trop vieux peut-être habite maintenant en ville. L’indication «vendesi» indique que la maison est à vendre. Son propritaire et ornementateur a-t-il voulu la faire remarquer de la route voisine. Allez donc savoir !

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23:55 Publié dans Ailleurs, Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

06.05.2008

Voyage de Rate-jolie à Rothéneuf

Des boni, pas des boniments!

Comme je sais parfaitement que vous me regardez d’une oreille distraite pour cause de longs ouikènes printaniers avec soleil soudain qui deshydrate (rate-jolie pour celles et ceux qui connaissent leur Robert Tatin par cœur), je me contenterai de quelques zimages pour en rajouter une cuillère à café sur 2 de mes bavardages récents.

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D’abord, pour vous dire que notre Anatole Jakovsky chéri s’est montré un poil rapide dans son étude sur Les mystérieux rochers de Rothéneuf (Encre, 1979) quand il affirme : «Hormis un méchant articulet paru au mois de juin 1907 dans Les lectures pour tous sous le titre : Excentriques confrères de nos artistes (…) on ne trouve plus de trace imprimée de l’abbé Fouré jusqu’à la publication, en 1952, d’une espèce de guide des Rochers sculptés, rédigé par M. H. Brebion, propriétaire des lieux (…)».1866518738.jpg
Voici un poème sur les Pêcheurs bretons dont l’auteur est un Poirier (Joseph-Emile). Cela crève les yeux, même si la repro est à chier, qu’il est illustré d’une vue photographique des Rochers sculptés.

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1934314318.jpgOn est en 1913 et c’est dans l’Annuaire des Bretons de Paris et de la Seine.
Et puis pour mettre un peu de couleurs dans votre bonus, voici une amusante Décalcomanie imprimée rue Lepic à Paris chez un Marcel, Guillen du nom. Je sais pas de quand elle date mais elle a pas l’air d’hier. Comme j’ai ôté le papier protecteur pour vous la scanner, il ne me reste plus qu’à la tremper dans la flotte, «à faire glisser le décor par une légère pression des doigts» pour le transférer sur la couverture du carnet qui me sert à noter les bêtises que j’entends (et que je dis) dans les vernissages.

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1893489424.jpgPendant que je suis dans les sacrifices et pour venir rebondir sur le face à face Edmund Monsiel/Jean Véber, amorcé le 18 mars 2008 dans mon post Brute de caricature, j’ai à moitié désossé Surfanta, une pauvre petite revue italienne (turinoise exactement) post-surréaliste de 1964 afin de capturer cette tête d’yeux, intitulée Voyage, de Steen Colding de Copenhague.

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Tout autre chose pour finir : cette extraordinaire photo empruntée à un site qui se décarcasse pour les travaux anonymes des «excentriques confrères». Photo d’un lieu de détention allemand, dirait-on. Y’ a pas d’explications mais il y a plusieurs clichés.

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Allez-y voir, ça vaut le détour.

00:05 Publié dans Ecrits, Gazettes, Glanures, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, abbé fouré, anatole jakovsky, robert tatin | |  Imprimer | | Pin it! |

25.04.2008

Collection Pailhas : les 22 Heures d’Albi

1822613180.jpgRis donc Pailhas ! Ta collection va trop vite.

On était quelques uns et zunes à ronger notre frein depuis des années en attendant le jour où on pourrait (re)découvrir les œuvres d’art brut réunies à la Fondation du Bon Sauveur d’Albi par son médecin chef, Benjamin Pailhas dans les 30 premières années du 20e siècle.

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Pas plus tard qu’en février dernier, le président de l’asso Japlodi, Art brut, Singulier et Compagnie (Késako Cie?) envoyait une longue missive à votre petite âme errante pour la prévenir de l’imminence de ce jour. Et puis voilà qu’elle l’a manqué. Emportée par d’autres aventures, j’ai oublié de vous dire que c’était l’inauguration le 27 mars au 1 rue Lavazière (81025 Albi Cedex 09) et que le lendemain 28 mars c’était aussi jour avec, dans la salle du petit Lude.
Maintenant, ôtez vous l’oreillette du tympan et écoutez moi bien.

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La Collection Pailhas, ressuscitée d’un long sommeil dans les caves de l’institution jadis drivée par des bonnes sœurs, va faire encore 3 petits tours avant que 2008 s’en aille. Ainsi font, font, font les albigeoises institutions.
Vous aurez 3 occasions de visiter cet ensemble concernant 26 auteurs et comprenant de nombreux dessins, broderies, outils et sculptures en bois, en galet, en mie de pain créés par les patients internés au Bon Sau.

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Le vendredi 6 juin, de 9 à 12 h et de 14 à17h),
le ouikène du 20-21 septembre (10-12/14-17h)
et, et, et le vendredi 5 décembre (9-12/14-17h).

Vous pourrez pas dire que vous êtes pas des privilégiés : en tout, si je compte bien, ça fera 22 heures. Pourvu qu’il n’y ait pas trop de monde à la fois! Les visiteurs risqueraient de s’en tenir à «la valeur artistique» de cette «collection unique» et d’oublier de «poser un nouveau regard sur l’hôpital psychiatrique».

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Je cite le site de la Fondation Bon Sauveur d’Alby (sic) qui a vraiment l’air de vouloir nous convaincre que «restauration» et «mise en valeur» du trésor pailhassien ne se justifient que parce qu’elles participent du «mouvement de démystification de la psychiatrie (comme si celle-ci n’avait pas été suffisamment démystouflée depuis les années 60 du siècle dernier) et qu’elles feront tomber » (mon œil !) «les préjugés en inscrivant pleinement l’hôpital psychiatrique au cœur de la vie de la cité».

Vous avouerez que c’est fort cette façon de tout ramener à la boutique psy! Mais soyons sérieuse, le site de la FBSA mérite le détour pour le défilé de sa dizaine d’images.

Cliquez sur Quelques extraits de la Collection.

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De mon côté j’ai essayé d’en retrouver d’autres qui proviennent de 2 articles publiés en 1908 par Benjamin Pailhas dont je ne possède, hélas, que de dégueulasses photocopies. Il s’agit de : Dessins et manifestations d’art chez deux aliénés circulaires et De l’Art primitif chez l’aliéné.

Vous noterez, sans malice aucune, que les 2 fois, le bon Docteur Pailhas n’hésite pas à faire usage du mot «art».

00:10 Publié dans De vous zamoi, Expos, Images, Musées autodidactes disparus | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, benjamin pailhas | |  Imprimer | | Pin it! |

22.04.2008

L’art nègre à Rothéneuf


1494739926.jpgQuand il fait frigo et que la pluie nous pourrit le cuir chevelu, comment se balader sans être enfermée ?

Réponse : aller au Grand Palais visiter le Salon International du Livre Ancien.

C’est ce que votre petite âme errante a fait ce ouikène.

Le Grand Pal est un endroit où l’on reste au sec tout en ayant le ciel par dessus le soi. Sous les kms de verrière qui surplombent les stands, on se prend pour des Jonas dans le ventre de sa baleine.

C’est Jules-Vernien à mort comme chaque fois que la République fait dans le monumental.

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Qu’allais-je faire dans ce Nautilus ? Mais trouver d’l’art brut, nom d’un chien !

De l’art brut au milieu des enluminures et des grimoires ayant appartenu à Marie-Antoinette ?

Tu doutes de rien, ma pauvre Ani ! 170985676.jpg

Et pourtant oui. En fouinant j’ai mis la main sur un bouquin de 1899 causant Du Tatouage chez les Prostituées. Auteurs : 2 toubibs de Saint-Lazare (pas la gare, la prison). Le Blond et Lucas. Palpitant pour les messages et dessins tatoués reproduits. Dans ma grande bonté, je vous en offre quelques uns.

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En A19 (c’est comme la bataille navale, la liste des exposants), sur le stand de monsieur Léon Aichelbaum, m’attendaient quelques pages, pas chères du tout, relatives à l’abbé Fouré. Tirées de je ne sais où et datées du 25 mai 1921, elles ont pour particularité de s’étendre plutôt sur le musée de Rothéneuf entouré d’un mur crénelé que sur les fameux rochers sculptés. Son titre a de quoi mettre l’eau à la bouche : L’Art nègre à Rothéneuf mais je n’ai pas eu le temps encore de lire la chose.

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Comme une nunuche, j’ai failli louper la case E14 où la Librairie Alain Brieux (48, rue Jacob 75006) avait installé ses pénates. Faut dire que la science est pas mon fort et que cette vénérable maison donne surtout dans cette discipline.

«Mais qui dit science, dit médecine et qui dit médecine dit psychiatrie», me dis-je en dirigeant mes pas de ce côté. 91313377.jpgBien m’en a pris puisque j’ai découvert sur une cimaise 5 aquarelles d’art brut faites par un «malade interné dans un hôpital psychiatrique du Nord de la France» selon une indication de la main de Jean Dubuffet (j’ai reconnu son écriture) au verso.
1030899536.jpgSans être hors de prix, c’était trop cher pour moi parce que j’ai dépensé ma jolie thune à Barcelone. Alors, je me suis contentée de prendre le catalogue bleu du libraire où ces aquarelles figurent sous le n°143, à côté de cahiers de dessins faits en 1935 par des prisonniers qui sont pas mal non plus. Hélas, hélas, y’a pas de repros dans ce catalogue et j’ai pas osé sortir mon téléphone pour photographier ces œuvres là.

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Pour me consoler, mon chéri que j’ai m’a HT au stand de l’ascèse (A16) le catalogue de la vente de la Collection André Lefèvre de décembre 1965 parce qu’au milieu des objets d’Art nègre et d’Océanie, on trouve (n°147) une Tête dite «Barbu Müller» en pierre volcanique. «Massif central, Art populaire. Peut-être une pierre de source». Un barbu comme ces barbus de la fameuse brochure de 1947 qui n’a jamais été distribuée par Gallimard, son éditeur, mais qui existe bien, la preuve :

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Je vous dis ça parce que je sais que ça intéresse Julien qui m’a écrit 2 fois au sujet des Barbudos.

 

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23:32 Publié dans Ecrits, Glanures, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, abbé fouré, barbus müller, tattoo | |  Imprimer | | Pin it! |